Grenier Neuf (F)
À Francort sur l’Oder (ex-RDA), dix ans après la réunification, trois générations font face à la désintégration de toute dynamique économique, de tout tissu social. Les personnages se débattent avec leur situation historique – perte d’une identité collective, engloutissement de leur histoire commune, celle de la RDA – ils se battent aussi entre eux. La boxe est l’activité qui les réunit.
Steve, le héros, revient dans sa ville natale. Il rêve de retourner sur le ring et s’entraine pour devenir un Muhammad Ali tardif. Il recherche aussi ce qu’il appelle son « Pays » (Heimat), qui lui semble aussi réel que la ville mythique et engloutie de Vineta. Mais il découvre que de nouvelles règles sont en vigueur…
Les personnages de Vineta forment un microcosme exemplaire : ensemble, mais de manières très différentes selon les générations, ils font face à ces questions :
Qu’avons-nous vécu ensemble ?
Qu’avons-nous tenté de construire ?
Qu’avons-nous perdu ensemble ?
Une société ? Un pays ?
Après la désagrégation du bloc de l’Est c’est toute l’Europe qui a perdu un repère idéologique, qu’il serve de référence ou de repoussoir. Il s’agit moins d’une prise de conscience historique qu'utopique.
Derrière le pseudonyme de Fritz Kater se dissimule le metteur en scène Armin Petras. Armin Petras dispose d’une connaissance intime des deux Allemagnes. Né en 1964 en RFA, il grandit en RDA, étudie pendant quelques semestres à l‘école de théâtre Ernst Busch de Berlin-Est, avant de passer à l’Ouest en 1988. Il est aujourd’hui un metteur en scène renommé. En 2006 / 2007 il a pris la direction du Maxim Gorki Theater à Berlin. Depuis l'été 2013 il est intendant du théâtre d'état à Stuttgart.
Armin Petras écrit ses premiers textes en 1993, les destinant à être mis aussitôt à l’épreuve du plateau. Peu à peu leur propos dramaturgique s’autonomise, leur forme s‘affirme. Ces textes deviennent des objets théâtraux à part entière. Fritz Kater a pour obsession de prêter la parole à ceux qui en sont privés, mais laisse transparaître sa propre écriture dans la diversité des styles et des résonances. Les références à Brecht ou à Heiner Müller sont perceptibles, mais les excursions dans le romantique ou le pathétique, comme les emprunts à la langue quotidienne, au langage de la télévision, de la publicité et du discours économique en font un tissu particulier et éclectique.
Vous trouvez ici la vidéo « Heimat ».