© Les patries imaginaires
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L'Histoire de ma vie n'existe pas

Les patries imaginaires (F)

Tags
Production et diffusion de spectacles vivants
Théâtre

Bien qu’il fasse entendre de larges fragments de «L’Amant», ainsi que des extraits de «La vie matérielle», le spectacle de Perrine Maurin ne constitue pas une adaptation théâtrale de l’œuvre de Marguerite Duras. Et, bien qu’il s’intéresse de près à la vie de l’écrivain, il ne prétend pas non plus être une tentative de biographie dramatique. En fait, il s’agit de tout autre chose, de la manière dont une « équipe de théâtre » s’approprie une œuvre et un auteur, la figure Marguerite Duras, dans laquelle la modernité a très vite reconnu une sorte d’absolu littéraire. Au fond, le geste, en lui-même, reste très durassien, car il part du principe que l’écriture prend le pas sur la réalité, qu’un livre est un monde (sinon le monde, comme aurait voulu Mallarmé) et que, loin de toute métaphysique (Duras refusait toute forme d’autorité transcendantale), la seule manière d’ouvrir l’imaginaire est de partir de la réalité concrète : les gestes modestes du quotidien, la splendeur méconnue de la «vie matérielle». Aussi, le dispositif scénique est-il celui, réaliste, d’un lieu de travail. Entre bureau et salon, trois femmes (comédiennes et le metteur en scène ? les personnages de la fiction romanesque ? Duras, elle-même, à deux âges différents de sa vie ?) s’affairent. Tout est là, à disposition. Ces femmes n’ont plus qu’à faire leur travail. Il ne s’agit pas d’incarner, à peine de jouer. Il s’agit d’être là, de se taire, de se parler, dans cet espace de jeu qui est le cadre adéquat de la question qui est posée. Car il y a bel et bien question. C’est de savoir précisément, qui est l’auteur d’une œuvre qui se donne, pour une large part, pour autobiographique. Car si cette femme écrit, et qu’elle ne fait que ça, l’ambiguïté demeure totale. Car, qu’est-ce que vivre ? Et, qu’est-ce qu’écrire ? En quoi l’écriture constitue-t-elle une activité ? Et comment faire théâtre de ça ?

Participants

Textes
«L’Amant», «La vie matérielle», interviews de Marguerite Duras
Perrine Maurin et Lino Tonelotto
Mise en scène et adaptation
Perrine Maurin
Artiste associé, scénographe, vidéo
Lino Tonelotto
Avec
Catherine Bussière
Pénélope Parrau
Marianne Pichon
Son
Jean-Pascal Lamand
Lumière
Guillaume Lorchet
Costumes
Cathy Roulle
Assistant vidéo
Juan Davila Valdiviezo
Construction
Mario Tonelotto
Adriano Prometti
Regards extérieurs
Augustin Bécard
Régie plateau
Bruno Berger
Administration
Hildegarde Wagner
Diffusion
Catherine Launay
Communication
Julien Demengel
Production
Les patries imaginaires, Nancy (F)
Coproduction
Centre Culturel André Malraux, Scène Nationale de Vandœuvre-lès-Nancy (F)
Théâtre de la Manufacture CDN Nancy - Lorraine (F)
Scène Nationale d’Annecy/Bonlieu (F)
Avec le soutien
DRAC Lorraine (F)
Conseil Régional de Lorraine (F)
Conseil Général de Moselle (F)
Ville de Metz (F)
Ville de Maxéville (F)
MJC de Maxéville (F)
MIROR (F)

Représentations

2011
Théâtre de la Manufacture, Centre Dramatique National, Nancy (F)

Extrait de presse

Perrine n'a pas la prétention de faire la lumière sur Marguerite. Mais bien de nous perdre à ses côtés. Un instant, le spectateur se convainc de voir l'écrivain au travail, mais déjà on verse à pieds et mots joints dans un chapitre de «L’Amant». Et finalement, retour sur scène, au sein de la troupe qui tente de démêler les fils de l'écheveau. « Tu joues quoi là ? Tu joues Marguerite ? » « Ben oui » « Ah, je croyais que c'était moi… » Trois dimensions au moins, « trois niveaux de réalité» où l'on se plaît à basculer. Dans l'espoir, vain mais stimulant, de remonter le cours d'une histoire… qui n'existe pas.
(L'Est Républicain)