Théâtre de Ajmer / Marseille (F)
Shadoks forever est une création d'après « Les Shadoks » de Jacques Rouxel, un projet de Franck Dimech avec la musique de eRikm et Catherine Jauniaux.
Nés du génie de Jacques Rouxel, créateur atypique et protéiforme, les Shadoks sont les héritiers d’une tradition irrévérencieuse qui, de Jarry à Artaud en passant par Dada et les pataphysiciens, fait aujourd’hui encore, résonner son rire moqueur. Derrière ces drôles d’oiseaux, occupés à pomper sans relâche, se cache une série télévisée qui a scindé la France en deux dès les tout premiers épisodes diffusés par l’ORTF en 1968. Deux camps – "les imbéciles qui aimaient et les imbéciles qui n’aimaient pas", selon Pierre Desproges – allaient s’affronter en inondant la chaîne d’un flot de courriers passionnés. Les Shadoks, pas consensuels pour un sou, ont durablement marqué l’imaginaire collectif français.
C’est cet esprit-là que Franck Dimech, entouré d’une équipe survoltée, compte faire resurgir au théâtre dans une cosmogonie shadokienne respectée à la lettre. L’univers sonore si particulier du dessin animé sera revu par le duo eRikm / Catherine Jauniaux qui usera en live de ses outils de prédilection, entre électro, impro et détournement d’objets.
Nous nous délecterons de la langue shadok (composée des quatre éléments interchangeables GA, BU, ZO, et MEU), nous rirons des péripéties de ces étranges volatiles dont les moins malins passeront au Goulp (trou creusé dans le sol). Un rire un peu jaune sans doute car, au-delà de la farce, les Shadoks donnent à voir le visage d’un système mécanicien total, absurde et broyeur de vies. Et nous pourrions bien voir des Shadoks partout.
« Plus ça rate, plus on a de chances que ça réussisse. »
On y était : le festival Mimi, à Marseille. La découverte : la performance Shadoks Forever
D’un côté, les Gibis, incarnés par la narratrice Catherine Jauniaux et le producer bruitiste eRikm, de l’autre, 4 shadoks en tenues légères, lookés façon Orange Mécanique. Sur scène, des oeufs cuisent, un marteau-piqueur tambourine et une femme-gégène – tout droit sortie d’un cauchemar lynchien -, se déhanche, avant de rentrer dans son abri-frigo... En guise d’ouverture de sa 28ème édition, Mimi se paye une comédie musicale radicale et violente avec Shadoks Forever, étonnante performance inspirée du choc des civilisations. Un premier acte sur le fil, aux confins de la folie, aux limites du langage. Papi Deleuze aurait adoré. Jeudi soir, un vent de délire et de liberté a soufflé fort sur les ruines de l’Hôpital Caroline : merci.
(Les Inrocks)
Le spectacle dure une bonne heure et demie que l'on ne voit pas passer, tant ce qui se passe sur scène est drôle et surprenant.
(ConcertAndCo.com)
Vous trouvez Ici une interview vidéo de Franck Dimech pour Diversions magazine.