Ton und Kirschen Wandertheater (D)
Employé comme scribe au sein d’une étude notariale new-yorkaise, Bartleby est un travailleur idéal, dévoué, honnête et calme. Mais à force de murmurer inlassablement la même phrase „J’aimerais autant pas“ (« I would prefer not to »), il finit par déconcerter son supérieur. Bartleby n’aimerait autant pas contrôler ses copies. Il n’aimerait autant pas effectuer une course pour lui. En définitive, il ne souhaite même plus écrire, sans pour autant vouloir démissionner de son poste à l’étude. Il reste infatigable, calme et résiste à toute forme de réconfort, de menace ou de soutien. Son esprit frondeur à l’égard d’un emploi de bureau monotone et somme toute, à l’égard de la vie, fait de lui une figure centrale de la littérature mondiale moderne.
Même catatonique et anorexique, Bartleby n’est pas le malade, mais le médecin d’une Amérique malade, le Medicine-man, le nouveau Christ ou notre frère à tous. (Gilles Deleuze)
(…)Passage à vide, burnout, manque de motivation ? Une chose est sûre : le jeune homme n’en fait plus qu’à sa tête. Bartleby renonce presque à tout – et va jusqu’à arrêter de respirer. On n’avait encore jamais vu de résistance aussi passive et conséquente. Incroyable, la façon dont Stefano Amori se laisse transporter, tel un mannequin inerte, lors du déménagement du bureau ou encore la manière dont il s’effondre en prison. L’atmosphère globale est imprégnée - outre la colère – d’une profonde tristesse : Bartleby se retrouve seul dans son bureau nocturne. Il se tient alors devant une fenêtre qui semble se déplacer à travers la pièce et ne suit plus que son propre reflet. Quel narcissisme, quelle solitude ! Lors de la scène finale, le notaire lance à Bartleby, ainsi qu’à l’humanité tout entière, un simple « Ah, l’humain… ». Une pièce touchante et dérangeante à la fois. (PNN)
L’art sublime du refus : Ton und Kirschen a convaincu le public avec sa pièce « Bartleby, le scribe », mêlant burlesque et sens cachés. Ce Bartleby me rappelle les figures esseulées du peintre Edward Hopper : des âmes égarées au regard plongé dans le vide. Et l’on s’efforce de cerner ces êtres mystérieux qui nous fascinent et nous intriguent à la fois. (…) La mise en scène dynamique et légère de Ton und Kirschen permet au spectateur de faire de nombreuses associations : elle n’évoque pas seulement la symphonie urbaine dissonante d’Edward Hopper, mais aussi les personnages instables de Kafka et l’atmosphère apocalyptique des œuvres de Samuel Beckett. Ces 80 minutes de théâtre captivant brossent le portrait d’un monde en plein effondrement : une époque qui exige toujours plus de performance et dans laquelle le repli sur soi et la dépression gagnent dangereusement du terrain. Ce spectacle présenté par Ton und Kirschen est tout simplement renversant. (kultursegler.de)
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